Esteban Elizondo
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MUSIQUE POUR ORGUE AU PAYS BASQUE ET EN NAVARRE

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Introduction 

Dans la zone géographique qui comprend les communautés autonomes du Pays Basque et de la Navarre (Espagne), existe une concentration d’orgues romantiques parmi les plus importantes au monde.

Dans ce territoire (spécialement dans la province de Guipúzcoa), des facteurs d’orgues français comme Aristide Cavaillé-Coll, les Frères Stoltz (Paris), Mutin, Didier, Merklin, Gutschenritter et Puget entre autres, installèrent de nombreux instruments de différentes tailles et caractéristiques à partir de 1856.

Il faut noter aussi le facteur d’orgue allemand Walcker qui construisit quelques instruments dans cette zone à partir de 1885. A ceux-ci il faut ajouter les apports importants d’Aquilino Amezua, de Roqués, de Lope Alberdi, de Melcher, d’Eleizgaray, d’”Amezua et Cia. et Dourte”, facteurs d’orgues espagnols (la majorité d’origine basquo-navarrais) qui poursuivirent la construction d’orgues d’influence romantique, à partir de 1882. Ce processus pris fin avec la création de l’orgue néo-classique de la part de la Société Anonyme Espagnole d’Orgue (O.E.S.A.) qui installa ses ateliers à Azpeitia (Guipúzcoa) en 1941. 

Cette extraordinaire concentration d’instruments romantiques constitua le moyen expressif et la base culturelle par lesquels développèrent leur créativité plusieurs générations de compositeurs en commençant par le navarrais Felipe Gorriti, qui préfigura la transition du baroque au romantisme en publiant les premières oeuvres de ce nouveau style autour de 1880.

La fin du Baroque

Bien que les premiers orgues romantiques inaugurés en Espagne aient été le Cavaillé-Coll de Lekeitio (Biscaye, 1856) et le Merklin-Schütze de Murcie (1857), des orgues de caractéristiques baroques ont été construit jusqu’à une période très proche du XXe siècle, pour cette raison nous avons cru bon de commencer cet ouvrage par des oeuvres que nous trouvons représentatives du type de musique que les compositeurs basquo-navarrais écrivaient pour un orgue qui était encore à prédominance baroque même s’il perdait progressivement plusieurs de ses caractéristiques propres comme l’octave courte, les registres coupés et les jeux les plus aigus, tout en intégrant simultanément dans les dernières étapes de cette évolution, un pédalier complet “à l’allemande”.

Parmi ces oeuvres, nous incluons un exemple parmi les fugues et les essais écrits par Joaquín d’Oxinaga. Ils sont  destinés à être interprétés sur un orgue baroque espagnol, instrument qui disposait habituellement d’un seul clavier, en plus de l’octave courte déjà citée, des registres coupés et des trompettes en bataille. Ces orgues disposaient parfois d’un pédalier comprenant habituellement la première octave. Ces compositions ne prévoyaient pas l’utilisation de registres coupés.

Nous avons inclus aussi une oeuvre issue des compositions contenues dans le recueil “Música de Tecla en el País Vasco. Siglo XVIII”, transcrite par le R.P. Donostia (Fray José Antonio de San Sebastián) en 1953 . Cette musique se caractérise par son style galant avec un langage commun à l’orgue et au clavecin. 

D’autre part, parmi les nombreuses compositions écrites pour “orgue ou piano” de Nicolas Ledesma, nous avons choisi la Sonate nº6 en ré majeur. Ces oeuvres étaient destinées à être interprétés sur un orgue de la fin de l’époque baroque, qui comme nous l’avons mentionné, auparavant commençait à perdre plusieurs de ses caractéristiques principales.

Enfin, nous ne pouvions pas ne pas inclure Hilarión Eslava et son élève Felipe Gorriti. Le premier, bien qu’il ait écrit une musique destinée à l’orgue baroque, a été le grand promoteur de l’installation de l’orgue romantique en Espagne et en incitant au dépassement de la crise existante dans la musique religieuse en Espagne, il a encouragé les compositeurs à écrire un type de musique appropriée à la liturgie. Felipe Gorriti fut lui, le grand artisan de la transition de la musique baroque à la musique romantique dans l’orgue, en écrivant tout d’abord des oeuvres aux caractéristiques baroques quand il était organiste de Tafalla, puis en évoluant par la suite vers un style romantique, après avoir accepté la charge d’organiste et de maître de chapelle à l’église Santa Maria de Tolosa .

Ce compositeur réussit à conquérir en sept occasions différentes, des prix importants aux concours convoqués par la Société d’Organistes et Maîtres de Chapelle de Paris, vers 1880.

Écoles et influences musicales

A l’examen des nombreuses compositions incluses dans cette anthologie, il apparait spontanément une grande diversité de styles et de langages musicaux, cependant, il est tout aussi remarquable de voir l’existence d’éléments communs qui proportionnent à cet ensemble, un degré important de cohérence esthétique et historique à travers le temps.

 Ce constat nous amène à nous interroger et à nous demander si nous sommes devant une école autochtone de composition organistique d’influence romantique, ou bien s’il s’agit de la production de compositions créées par différentes écoles.

Après une étude détaillée des pièces publiées et de leurs auteurs, nous croyons que ressortent les caractéristiques suivantes qui définissent la plupart des oeuvres et de leurs auteurs, qui apparaissent dans cette publication de compositeurs basquo-navarrais :

  • On peut affirmer que pratiquement la totalité des oeuvres écrites à partir de 1880 et présentées ici, ont pour dénominateur commun, les caractéristiques esthétiques propres de l’orgue romantique ou d’influence romantique construit en Espagne entre 1856 et 1940.
  • L’influence de la lettre apostolique Motu Propio de Pie X, édictée en 1903, est évidente dans les nombreuses pièces qui sont basées sur des thèmes grégoriens. Cette particularité se prolonge au fil des ans, on trouve des pièces écrites et comprenant ces caractéristiques jusqu’à une époque très récente, autour de 1980. La chanson populaire basque tant religieuse comme profane apparait aussi comme sujet thématique mais en en moindre mesure. 
  • Une importante partie des compositeurs retenus dans ce livre (la moitié environ), étaient des prêtres ou des religieux
  • La majorité des compositeurs laïcs assumait une charge d’organiste ou de maître de chapelle. Leur production était principalement destinés à la liturgie, même s’ils écrivaient régulièrement de la musique de type profane pour des choeurs, des orchestres, de la musique de chambre, du piano, du txistu, etc. Dans beaucoup de cas, ils partagent leur activité d’écriture avec l’enseignement dans des écoles de musique, des conservatoires ou lors de cours privés. Moins nombreux sont les cas de concertistes de prestige (et en même temps compositeurs), qui après avoir terminé leur formation à l’étranger, reviennent occuper des postes de professeurs d’orgues dans les centres d’enseignement de musique. Malgré cela, les organistes qui tiennent des tribunes, prennent part eux aussi avec régularité aux inaugurations d’orgues et aux évènements artistiques ou commémoratifs.
  • La majorité des pièces peuvent être définies comme ayant “un contenu spirituel ou religieux” au vu du style de l’écriture et de l’utilisation de l’harmonie (on retrouve dans cet aspect, l’influence de la lettre apostolique Motu Propio de Pie X). On note une prédominance de la profondeur par opposition aux apparences et aux effets. On donne plus d’importance au contenu qu’aux effets sonores ou virtuoses. Il s’agit presque toujours de musique destinée à être interprétée dans les églises (même si n’est pas toujours au cours de la liturgie), ce qui explique le format réduit des pièces. Dans celles ci, la forme, le contenu, l’élégance de l’harmonie et de la mélodie sont soignés. Le chant de l’orgue est souligné par les sonorités romantiques de caractère orchestral, des sonorités rondes, suggestives et belles, grâce à un grand usage de la boîte d’expression. Dans certains cas, les pièces ne présentent pas de portée pour le pédalier,  mais par moments, elles doublent à la pédale, les notes les plus graves de la main gauche. Cela répond à une demande émise par les organistes qui ne disposaient pas d’un orgue à pédalier, ou qui ne dominaient pas la technique de la pédale. Cette particularité n’incluait pas les écoles de compositions contemporaines, même si cette absence de portée, n’était pas un frein à l’expression de la personnalité musicale de l’auteur, et à l’évolution du style de ce type de musique.
  •  Même si quelques uns des compositeurs présents dans cette compilation, ont étudié à Paris, Bruxelles ou en Allemagne, on peut affirmer que quasiment tous on reçu leur formation initiale dans des centres proches de leur résidence d’origine, que ce soit à travers des classes privées, ou bien en académies municipales comme celle de Tolosa ou Saint Sébastien, entre autres. Dès lors, il est important de souligner l’existence de certaines écoles de composition qui perdurent dans le temps, comme celle créee dans le style romantique par Felipe Gorriti, ancien élève de Hilarión Eslava et professeur de Eduardo Mocoroa, qui à son tour donna des cours à son fils Ignacio Mocoroa.
  • Luis Urteaga apparaît comme un cas identique: prolifique professeur aux nombreux disciples, il avait été l’élève préféré de Martín Rodríguez. Dans le même cas, on trouve José María Beobide, disciple de Antonio Trueba et professeur à son tour du père Francisco de Madina et de Antonio José. Dans un second temps, le Conservatoire de Madrid est habituellement le lieu où la majorité d’entre eux complétèrent leurs connaissances. Plusieurs des auteurs présents font référence à une formation en autodidacte. Dans d’autres cas, les compositeurs comme César Franck, Tournemire, Mendelssohn, Wagner, Reger y Bruckner servent de sources d’inspirations et de références musicales. Dans tout les cas, nous sommes face à des musiciens dotés d’une formation solide avec une grande maîtrise de l’harmonie, qui développent souvent des effets caractéristiques et originaux, différents de ceux utilisés dans d’autres pays, et qui possèdent un langage musical parfaitement adapté à l’orgue de type romantique. 
  • Selon chaque compositeur et en considérant les traits généraux auxquels on a fait référence plus avant, les oeuvres sélectionnés laissent apparaître des influences musicales tirés du romantisme, de l’école wagnérienne, de l’impressionnisme, et dans certains cas de la polytonale. Il ressort aussi divers exemples de langages très personnels, caractéristiques de certains auteurs.
  • Plusieurs des oeuvres présentes dans ce recueil furent primées lors de concours à Paris, Saint Sébastien, Valence, Séville ou Avila. Beaucoup de pièces sont restées inédites. Une grande partie de ce répertoire fut publié en Allemagne, en France et aux Etat-Unis.

Conclusion

Le nombre important de compositeurs pour orgue, originaires de la même zone géographique et l’étude de leur création musicale, à la fois riche et variée, nous portent à la conclusion qu’il existe suffisamment d’éléments pour considérer comme valide l’hypothèse selon laquelle s’est développée dans la zone basquo-navarraise, une école autochtone de composition pour orgue sous influence romantique à partir d’environ 1880.

Son analyse nous révèle que dans celle-ci apparaissent des caractéristiques propres et différenciées des écoles d’autres pays, avec un degré important d’homogénéité. Cette école autochtone partage cependant plusieurs de ses caractéristiques basiques, avec les écoles comprenant d’autres compositeurs de diverses zones de l’état espagnol, tout au long de la même période historique.

Esteban Elizondo Iriarte

COMPOSITEURS

Joaquín de Oxinaga (1719-1789)

Né à Bilbao (Pays Basque), le 26 octobre 1719. Débute ses études de musique dans sa ville natale, avant de se déplacer à Madrid où il les poursuit avec José de Nebra. Fut d’abord organiste à l’Encarnación, puis il apparaît comme second organiste de la Chapelle Royale. Le 11 décembre 1750, il est nommé organiste titulaire de la cathédrale de Tolède, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. Un total de onze de ses pièces sont présentes dans la publication du Père López Calo, parmi lesquelles cinq fugues, un Paso, un Intento, deux sonates et deux menuets.

Fray Fernando Eguiguren (1743-?)

Franciscain, il est né et baptisé le 17 mars 1743 à Eibar (Pays Basque). On connaît peu de choses de ce compositeur. Il rentre dans les ordres au couvent de Aranzazu, le 26 mars 1759. Les archives de ce monastère font mention de plusieurs de ses oeuvres: Salve, O gloriosa, Lamentación 3ª del primer dia, 3 misas et un Parce mihi Domine. Cette pièce possède en commun avec celles publiées par le Père Donostia dans le livre Música de Tecla en el País Vasco, siglo XVIII, d’appartenir à un style galant commun à l’orgue et au clavecin.

Nicolás Ledesma García (1791-1883)

Né à Grisel (Saragosse) le 9 juillet 1791. Décède à Bilbao (Pays Basque) le 4 janvier 1883. Il apprend la musique tout d’abord avec les maîtres Gisbert et José Angel Martínduque, ainsi que plus tard avec Ramón Ferreñac. Il occupe successivement les postes d’organiste dans les colegiatta de Borja, Tafalla et Calatayud. En 1830, il obtient après concours la place d’organiste de la Basilique de Santiago de Bilbao. Il assume son poste tout en jouant de la clarinette au théâtre, et en donnant des cours particuliers. A ce titre, il a de nombreux élèves entre lesquels il convint de citer Valentín Zubiaurre, Cleto Zavala, Avelino Aguirre et Antonio Repáraz. Ledesma devient aussi Président de la Société Philharmonique de Bilbao. De son vivant, il jouit d’un certain prestige et de considération. La Grande Croix de Isabelle La Catholique lui est décernée. Le Conservatoire de Madrid choisit d’enseigner ses études pour piano et le nomma professeur honoraire.

Son travail de compositeur fut prolifique spécialement pour les pièces à caractère religieux. La maison d’édition Dotesio a publié une partie de celles-ci, mettant en avant le Stabat Mater pour choeur et quatuor de cordes, las Cuatro Lamentaciones, la Misa en ré mayor, la Misa a atroce noces isolas para Ehresman y Advient (il a écrit 25 messes) et les cinq Ave marías. De plus, il a composé de nombreux cantiques, motets, hymnes, etc.

Pour “orgue ou piano” il compose 3 Juegos de versos para salmos, plusieurs collections de Sonatas y Sonatinas ambitieuses dans leur développement et leur extension, et enfin un Ofertorio pour orgue. Cette musique a été pensé pour un orgue baroque tardif ou de transition.

Hilarión Eslava y Elizondo (1807-1878)

Né à Burlada (Navarre) le 21 octobre 1807, il décède à Madrid le 23 juillet 1878. Il réalise ses premiers pas dans le monde de la musique comme membre de la maîtrise de la cathédrale de Pampelune en 1817, dans les spécialités de piano et orgue. En 1823, il se voit confier la charge de Capellanía avec l’obligation de jouer la contrebasse, le violon et le violin baroque. Durant cette époque, il perfectionne sa connaissance de la composition. En 1828, il gagne la place de Maître de chapelle de la cathédrale de Burgos de Osma et en 1832, celle de la cathédrale de Séville. Plus tard, il est nommé Directeur de la Chapelle Royale de Musique. En 1855, il accède à la place de professeur de contrepoint et fugue du Conservatoire de National de Musique et Déclamation de Madrid. Durant la première année, il cumule ce poste avec celui de professeur d’orgue. En 1866, il est nommé directeur de ce même conservatoire.

Hilarión Eslava a développé durant toute sa carrière une grande activité qui a affecté à différents secteurs de la musique. En tant que compositeur, il a écrit une importante quantité d’oeuvres musicales, d’autres part, il se consacre à la création de méthodes pédagogiques de solfège, d’harmonie, de contrepoint, de fugue et de chant grégorien entre autres, de plus il s’occupe de rénover les structures dédiés à l’éducation musicale. Un de ses objectifs prioritaires fut celui d’améliorer tous ensemble la musique vocale, religieuse ainsi que celle d’orgue, avec le but de surmonter la situation désastreuse dans laquelle se trouve la musique religieuse en Espagne à cette époque. De ce point de vue, ce personnage a joué un rôle primordial dans la lente transformation de la musique sacrée espagnole. Il a écrit de nombreuses pièces pour orgue adaptées à la liturgie, selon ses critères. De même, il invite les autres compositeurs à suivre son exemple (ces oeuvres étaient destinées à être interprétées sur des orgues baroques). Il soutient aussi, l’ouverture de la facture d’orgue espagnole aux nouvelles tendances romantiques en provenance du reste de l’Europe. Par exemple, il a été un des partisans de la construction du nouvel orgue Merklin/Schütze de la cathédrale de Murcie qui fut inauguré en 1857 et il incita les facteurs d’orgues espagnols à évoluer dans ce sens, et ce, tout en gardant leurs traits caractéristiques.

Felipe Gorriti y Osambela (1839-1896)

Felipe Gorriti né à Huarte-Araquil (Navarre), le 23 août 1839, il meurt à Tolosa (Guipúzcoa), le 12 mars 1896.

Il étudie tout d’abord avec son père, puis avec Mariano García et Cándido Aguayo. Il compléte sa formation avec Hilarión Eslava et Román Jimeno, dans les classes de composition et d’orgue au Conservatoire de Madrid, obtenant médaille et diplôme. En 1859, il gagne sur concours le poste d’organiste de la paroisse de Santa María et San Pedro de Tafalla (Navarre), où il reste jusqu’en 1867. Durant ces huit années, il écrit de nombreuses pièces de caractère baroque destinées à être interprétées sur l’orgue qui fut construit en 1858 dans l’église de Santa María de cette même ville. En 1867, il obtient le poste d’organiste et de maître de chapelle de la paroisse de Santa María de Tolosa (Guipúzcoa). Il partage cette activité avec celle de directeur de la musique municipale et de l’académie de musique (sa grande réputation comme professeur l’amène à former de nombreux élèves qui par la suite se distingueront dans le monde de la musique).

Dès lors, il évolue petit à petit, commençant à écrire des pièces de style romantique. Elle lui vaudront de gagner en sept occasions différentes le concours organisé par la Société d’Organiste et de Maître de Chapelle de Paris. Cela convertit Felipe Gorriti en personnage clé dans la transition du baroque au romantisme dans la musique pour orgue espagnole.

Eduardo Mocoroa Arbilla (1867-1959)

Né le 13 octobre 1867 à Tolosa (Guipúzcoa). Il décède dans la même ville le 30 janvier 1959. il débute la musique avec Modesto Letamendía et Rufo Montilla. Plus tard, il intègre la Musique Municipale de Tolosa comme saxophoniste, et ce, malgré son jeune age. Au vu de ses qualités musicales, Felipe Gorriti, le fait entrer dans la maîtrise de la paroisse, lui donnant des cours de piano, orgue, harmonie, contrepoint, fugue et composition. Plus tard, il s’intéresse au violon qu’il apprend auprès de Nicolás Murga et du maestro Barech. 

Eduardo Mocoroa est le successeur, en 1896, de Felipe Gorriti comme organiste et maître de chapelle de l’église Santa María de Tolosa. La même année, il accède au poste de directeur de la Musique Municipale (dont il était auparavant vice directeur) et de l’Académie Municipale de Musique, suivant ainsi les traces de son maestro. 

Homme aux profondes convictions religieuses, il se convertit en supporter enthousiaste du nouveau mouvement musical au service de l’église et de la liturgie inspiré par le Motu Proprio de Pie X. Il compose de nombreuses pièces religieuses (messes, miserere, salves, motets, hymnes, etc). Dans le style profane, il écrit pour orchestre, choeur, harmonie, txistu, piano et théâtre lyrique. Wagner et les écoles musicales russes et françaises ont été ses guides à l’heure de composer. Il composa à peu près dix oeuvres pour orgue dont la plupart basées sur des thèmes religieux. On note dans certaines la reprise de thèmes populaires basques.

Eduardo Mocoroa a reçu tout au long de sa vie des prix et des récompenses pour son travail. 

Ignacio Busca de Sagastizábal (1868-1950)

Ce compositeur naît à Zumárraga (Guipúzcoa) le 14 octobre 1868. Il meurt à Zarautz (Guipúzcoa) le 7 mars 1950.

Il étudie tout d’abord avec Juan Luis de Leturia dans sa ville natale. Plus tard il reçoit des classes de Felipe Gorriti à Tolosa et par la suite à Madrid avec Jimeno, Mendizábal, Arrieta et Morera.

Il occupe successivement, la place d’organiste dans les paroisses de Santa Bárbara et San Francisco El Grande de Madrid. Il compose de nombreuses oeuvres de doctrine religieuse et profane, avec une faiblesse pour le genre choral.

Sa production pour orgue est peu abondante, mais il y montre sa solide formation musicale, point commun à tous les compositeurs de cette époque.

Martín Rodríguez Seminario (1871-1961) 13

Né le 2 août 1871 à Pampelune, il meurt le 20 novembre 1961 à Balmadesa. Il commence sa formation musicale dans l’école de musique municipale. De façon autodidacte, il se forme au contrepoint, à la fugue, à la composition, à l’instrumentation et à l’orgue. Il travaille de ses seize à ses vingt-quatre ans comme professeur de musique dans les collèges de différents villages en Espagne. En 1894, il obtient le poste d’organiste de Beasain (Guipúzcoa) sur concours, de même il accède au poste de directeur de la Musique Municipale. En 1901, il gagne le concours d’accès au poste d’organiste de Balmaseda devant 21 candidats, poste qu’il occupera jusqu’à son décès. Il a composé de nombreuses pièces à caractère religieux: messes, motets, cantiques, miserere, etc. Dans sa production profane se détache, entre autre, le poème symphonique La Vida, pour Harmonie et le grand Miserere pour choeur et orchestre. Il couvre l’orgue d’une attention toute spéciale, écrivant plus de trente pièces aux formes et aux styles varié, dont certaines ont été publiées en France et en Allemagne. Parmi ses nombreux élèves se détache Luis Urteaga, qui fut son disciple préféré. 

Julio Valdés Goicoechea (1877-1958)

Né à Vitoria (Pays Basque), le 12 avril 1877, il meurt dans la même ville, le 30 juin 1958. Il débute très jeune dans le monde de la musique alternant celle-ci avec sa formation de prêtre. Son oncle Vicente Goicoechea, a tenu une grande place dans sa formation musicale. Il étudie aussi avec Joaquín Mª de Velasco et Sainz Basabe. Une fois nommé prêtre, en 1902, il gagne sur concours le poste d’organiste d’Elorrio (Biscaye). Plus tard, il déménage vers Saint-Sébastien comme organiste des Soeurs de la Visitation d’Ategorrieta. En 1909, il est envoyé par son oncle à Ratisbona pour étudier auprès de M. Haller, F. Haberl, J. Renner et K. Weimann. En 1918, il remplace Jesús Guridi en tant qu’organiste et maître de chapelle de l’église Santos Juanes à Bilbao. En 1940, il est nommé professeur d’harmonie du séminaire diocésain de Vitoria. Ses pièces ont presque uniquement des thèmes et des usages religieux. Son oeuvre pour orgue est restreinte mais révèle une formation et des connaissances solides, le tout  au service de la recherche d’une dimension spirituelle de la musique.

Nemesio Otaño S.J. (1880-1956)

Le père Otaño est un personnage clé du développement de la musique religieuse et d’orgue en Espagne au cours de la première moitié du 20e siècle, à l’image d’un Hilarión Eslava au siècle précédent. Il né à Azkoitia, le 19 novembre 1880 et il meurt à Saint-Sébastien le 29 avril 1956.

Il débute ses études avec les organistes de Eskoriatza, Zumárraga, Azkoitia et avec Victoriano Balerdi de Mondragon. Durant son séjour au noviciat de Loyola de 1896 à 1898, il a l’opportunité de connaître à fond le grand orgue Cavaillé-Coll de la basilique. Il complète sa formation avec Vicente Goicoechea et Vicente Arregui. En 1904, il étudie aussi la paléographie et le grégorien.

Le Père Otaño, conscient de l’énorme travail à réaliser en Espagne, pour l’art religieux, se dédie pleinement à cette mission, s’appuyant pour cela sur l’esprit du Motu Proprio de Pie X édicté en 1903. Il possédait un énorme capacité de travail, et parmi ses actions, on note la création d’un choeur dans chacun des lieux où il a été envoyé. A partir de 1905, il organise ou intervient dans plusieurs congrès de musique sacrée. Il est nommé en 1939, directeur du Conservatoire National de de Musique de Madrid, en de nombreuses occasions il assume le poste de Commissaire de la musique et Président de l’orchestre philharmonique. Sur son initiative se crée l’Institut National de Musicologie. Grâce à cela, le Père Otaño put soutenir l’avènement de plusieurs publications qui eurent une grande importance musicale, il écrivit dans celles-ci soit des oeuvres soit des articles, collaborant en maintes occasions. On peut mettre en avant Música Sacra Hispania (1907-1922), Antología Orgánica Española (1909) et la Antología Orgánica Práctica (1919), dans lesquelles participent en écrivant des oeuvres pour orgue, les meilleurs compositeurs du moment, ainsi que lui. D’un autre coté, il encourage l’évolution de la facture d’orgue espagnole, et il défend ces mêmes entreprises au cours de la restauration des grands orgues romantiques afin que leurs techniciens prennent en charge les travaux. Comme compositeur, il aborde différents styles avec une attention toute spéciale pour la musique religieuse, la plupart de ses oeuvres sont d’une exécution difficile. Ses créations dans le domaine de l’orgue sont intéressantes et importantes, il laisse clairement apparaître son admiration pour des auteurs comme Reger, Bruckner, Malher et Strauss.

Bernardo Gabiola Laspita (1880-1944)

Ce musicien naît le 20 août 1880 à Berriz (Biscaye), il décède à Madrid le 24 janvier 1944. Son frère José Cruz est celui qui se charge de son initiation à la musique. Par la suite il se déplace à Madrid pour étudier dans l’École Nationale de Musique et de Déclamation avec José Tragó et Pierre Fontanilla. En 1902, il rentre au Conservatoire de Bruxelles où il étudie la composition avec Edgard Tinel et l’orgue avec Alphonse Mailly. En 1905, il termine les études d’orgue en obtenant le premier prix. En 1907, il gagne le concours pour le poste de directeur de la Musique Municipale de Saint-Sébastien (cette charge comprenait aussi implicitement la direction de l’école de musique municipale). Progressivement, il acquiert une renommée d’organiste de grand talent, offrant des concerts dans toute l’Espagne. 

En 1912, il gagne sur concours la place de professeur d’orgue du Conservatoire Royal de Musique et la Déclamation de Madrid où il resta pendant 32 ans. En 1941, il est nommé vice-directeur de ce même centre. Il écrit de la musique pour harmonie, choeur et orgue. Son oeuvre pour orgue se réduit à sept compositions intéressantes dans leur déroulement harmonique. Dans certaines d’entre-elles, il est facile d’apprécier la main d’un vertueux de l’orgue, au vu des difficultés techniques contenues.

José Maria Beobide Goiburu (1882-1967)

Né à Zumaia le 25 novembre 1882. Il décède à Burgos le 1er mars 1967. Son initiation à la musique se réalise sous la tutelle d’Antonio Trueba, organiste de la paroisse; il se perfectionne par la suite à Pampelune avec Samaniego et enfin au Conservatoire de Madrid avec Llano, Grajal, Fontanilla, Rodoreda et Brescia.

À tout juste 18 ans, il se déplace à Quito (Équateur) où il est organiste et professeur dans le collège des Jésuites, tout en exerçant comme professeur de piano et solfège au Conservatoire National de l’Équateur. Après un séjour de quatre ans dans ce pays, il se déplace aux États-Unis, où il entre en contact avec différentes maisons d’éditions de musique qui publient plusieurs de ses compositions.

 En 1914, il s’établit à Burgos comme organiste et professeur du collège des Jésuites de la Grâce. Il s’y marie et y compose une grande partie de son répertoire dédié à l’orgue. Il reste dans la même ville jusqu’à 1932 en participant (entre autres activités) dans la réorganisation de l’Orphéon de Burgos, il est aussi nommé directeur de l’harmonie de la Maison de la Charité.

 En 1930, il conquiert après concours la chaire de musique des Écoles Normales en choisissant comme destinée Pampelune, où il exerce aussi comme organiste dans l’église des jésuites. Dans cette ville, il réalise à nouveau un grand travail de type pédagogique et artistique. En 1940, il est nommé professeur de l’Académie de Musique de Pampelune et plus tard sous-directeur de ce même centre ainsi que de l’Orphéon de Pampelune. La ville de Pampelune a tenu à l’honorer pour ses mérites en lui dédiant le nom d’une rue. Suite à sa retraite, en 1959, il déménage à nouveau à Burgos où il réside jusqu’à son décès. Parmi ses élèves, on remarquera les compositeurs Antoine José et le Père Francisco de Madina.

José Maria Beobide a conquis tout au long de sa vie, de nombreux prix de composition. Beaucoup de ses oeuvres sont à caractère religieux. Il a écrit vingt-quatre pièces pour orgue dans lesquelles sa grande maîtrise s’exprime dans le maniement de l’harmonie et de la mélodie, en faisant état d’un grand éclectisme thématique accompagné d’un langage adapté aux caractéristiques sonores de l’orgue romantique. Plusieurs de ses oeuvres ont été éditées aux États-Unis, mais aussi en Allemagne, en France et bien sûr en Espagne.

Luis Urteaga Iturrioz (1882-1960)

Il naît à Villafranca de Oria (aujourd’hui Ordizia, Guipúzcoa), le 5 décembre 1882 et il meurt à Saint-Sébastien le 11 avril 1960.

Il s’initie à la musique dans son village natal avec Francisco Gárate, organiste et directeur du choeur paroissial. Plus tard, il continue avec Lorenzo Martínez et Cándido Elorza. À partir de 1889, il rentre à l’Académie Municipale de Musique de Saint-Sébastien où il étudie l’harmonie et la composition avec José Rodoreda. En 1900, il sollicite l’admission au cours de Martin Rodríguez, organiste à Beasain. Quand son maître se déplace à Balmaseda, il décide de l’y suivre. En 1903, il obtient sur concours, le poste d’organiste de Berástegi. En 1905, il est nommé organiste, directeur du choeur paroissial et directeur de la Musique Municipale de Zumaia où il reste pendant presque quinze ans. En 1919, il obtient la place d’organiste de la paroisse de San Vicente à Saint Sébastien et en 1924, il gagne le concours pour la place de professeur de solfège (en se chargeant aussi des cours d’orgue), de l’Académie Municipale de Musique de cette même ville, où il reste jusqu’à sa retraite.

Un homme simple, serviable, aux profondes convictions religieuses, Luis Urteaga a été un compositeur prolifique, qui a écrit environ quatre-vingt-dix pièces pour orgue. Bien que la plupart d’entre elles étaient destinées à la liturgie et étaient d’un petit format (souvent sans portée pour la pédale), il a aussi écrit des oeuvres de grande envergure qui furent éditées en France et en Allemagne au début du XXe siècle. Il a aussi cultivé la musique chorale (spécialement celle à caractère religieux) et celle utilisant le txistu, obtenant de nombreux prix. Fidèle disciple du Motu Proprio de Pie X, les sujets basés sur la musique grégorienne lui ont souvent servi d’inspiration dans ses créations musicales. Luis Urteaga a joui d’un certain prestige dans le domaine de l’harmonie (sa collaboration comme harmoniste était sollicitée par Doquier) et pour ses qualités pédagogiques. Il a d’ailleurs en accueilli d’innombrables élèves. Il donnait des classes et des conseils musicaux avec simplicité et sagesse.

Fray Tomás de Elduayen (1882-1953)

Tomás Echeberría Elósegui naît a Elduayen (Guipúzcoa) le 9 septembre 1882 et meurt à Saint-Sébastien, le 12 novembre 1953.

Il rentre comme étudiant au collège des pères Capucins de Lecároz (Navarre), où conformément à la coutume de cet ordre, il adopte le nom de Fray Tomás de Elduayen. Dans ce centre, tout en suivant les cours de lettres et de théologie, il prend des cours de musique avec Ismael Echezarra, dont il reçoit des classes d’harmonie et de contrepoint. Le 21 décembre 1907, il se fait ordonner prêtre. Par la suite, il est affecté au Chili et à l’Argentine où il partage son temps entre le travail de missionnaire et la musique. De façon autodidacte, il approfondit ses connaissances musicales, littéraires et artistiques, arrivant à atteindre une grande culture sur divers champs thématiques. À partir de 1920, il retourne à Lecároz et plus tard à Fontarrabie, il voit alors publiées ses premières compositions. 

Tomás de Elduayen est un auteur prolifique qui a écrit près de deux cents oeuvres dédiées à divers genres, spécialement le religieux. Il utilise une harmonie plus chromatique au début et qui évolue vers un langage plus direct et personnel, qui se base sur une harmonie libre, impressionniste, avec quelques incursions dans la polytonalité.

Il a écrit pour orgue, autour de soixante-dix compositions. Plusieurs d’entre elles ont été publiées dans des recueils de six ou sept pièces. Ces oeuvres qui sont caractérisées par leur brièveté et souvent une absence de portée pour la pédale, reflètent probablement le caractère modeste de l’auteur (comme cela arrive aussi avec Urteaga, Beobide ou Eduardo Torres) et la nécessité de s’adapter à la pratique liturgique. Dans ce répertoire abondent les compositions basées sur des thèmes issus de la culture basque et dans quelques cas, du folklore andalou.

José de Olaizola y Gabarain (1883-1969)

Il naît à Hernani (Guipúzcoa) le 27 janvier 1883 et meurt à Saint-Sébastien le 8 juin 1969. Il s’initie à la musique avec Manuel Cendoya qui était professeur et directeur de l’Académie Municipale de Musique d’Hernani tout en étant organiste de la paroisse. En 1899, il rentre à l’Académie de Musique du Saint-Sébastien et suit des cours de musique auprès de Bonifacio Echeverria, Germán Cendoya, José M ª Echeverría, Claudio Jáuregui entres autres. Il élargit ses connaissances avec Ildefonso Lizarriturri, José Mª Agesta et Tomás Múgica. À partir de 1906, il commence à exercer comme organiste intérimaire de l’église de Santa María à Saint-Sébastien. La même année, il gagne sur concours cette même place, restant titulaire quasiment jusqu’à son décès. 

José de Olaizola a écrit de nombreuses oeuvres à caractère religieux, bien qu’il aborde aussi le genre profane, en incluant la musique scénique, la musique de chambre, pour piano et txistu. Il dédie une attention particulière au répertoire choral et aux compositions basées sur des sujets basques. Sa production pour orgue n’est pas très étendue, mais on y dénote sa maîtrise du langage organistique adapté aux caractéristiques sonores de l’orgue romantique.

Fray José Antonio de San Sebastián (Padre Donostia) (1886-1956)

Né le 10 janvier 1886 à Saint Sébastien, il décède à Lecároz (Navarre) le 30 août 1956. José Gonzalo Zulaica, adopte le nom de Fray José Antonio de San Sebastián quand il entra dans l’ordre des Capucins (ordre religieux de la famille des Franciscains), même si plus tard en raison de ses grandes accointances avec la culture basque, l’habitude se fait jour de l’appeler “Padre Donostia” ou “Aita Donostia“.

Il débute la musique avec Eleuterio Ibarguren et Toribio Múgica qui lui enseignent respectivement le solfège et le violon. Il reçut une formation en harmonie et en composition au sein du collège de l’ordre des Capucins à Lecároz (Navarre). Son professeur, Ismael Echezarra, l’influença de façon importante, par son ouverture d’esprit et sa compréhension. Plus tard à Barcelone et à Saint Sébastien, il se forme auprès de Adrián Esquerrá et Bernardo Gabiola. Enfin il eut comme professeurs, Felipe Pedrell à Barcelone et Eugène Cools à Paris. Au vu du caractère limité dans le temps de ces cours, lui même reconnaissait: “Pour le reste, je peux dire que je suis un autodidacte…”

Padre Donostia” est un personnage important dans le monde de la culture basque pour son travail de recherche sur le thème du folklore local. Il possédait en outre de grandes qualités d’écrivain et de conférencier. Il fut un compositeur prolifique de musique que ce soit profane ou sacrée. Ses pièces s’adressent à divers secteurs (choeur, piano, musique symphonique, musique de scène… ). Ses pièces pour orgue laissent apparaître son admiration pour Tournemire et spécialement “sa fantaisie, sa modernité, son esprit de la liturgie et son influence grégorienne“. Ce modèle, ainsi que l’école française impressionniste, se retrouve dans sa musique. Dans plus de trente de ses pièces pour orgue dominent le caractère religieux et les thèmes grégoriens avec des titres en latin.

Jesús Guridi Bidaola (1886-1961)

Né à Vitoria (Alava), le 25 septembre 1886. Il décède à Madrid le 7 avril 1961. Il débute la musique avec Valentín Arín à Madrid et plus tard à Bilbao avec Lope Alaña (violon) et José Sainz Basabe (harmonie). En 1903, il déménage à Paris pour étudier auprès de Vincent d´Indy et en 1905, il prit des classes de fugue, de composition et d’orgue avec Joseph Jongen à Bruxelles. Enfin, il prend part à un cours d’instrumentation avec Otto Neitzel à Cologne (Allemagne). En 1944, il obtient le poste de professeur d’orgue au Conservatoire Royal de Musique de Madrid dont il est nommé directeur en 1956.

Jesús Guridi fut un musicien fondamental dans l’histoire de la musique espagnole et basque du XXe siècle. Son style peut se décrire à travers les paroles de Victor Pliego de Andrés, “d’un romantisme tardif , aux accents nationalistes, hérités directement de Wagner. Pus tard il continua : “…il resta à l’écart de l’avant garde révolutionnaire qui apparut partout dans l’Europe de son époque, mais la solidité de son travail, son inspiration, sa créativité, et la grande qualité de son oeuvre, lui donne, et lui confère un statut propre et unique”.

A l’origine d’un répertoire de grande envergure, en dehors de la musique religieuse, il a écrit pour piano, choeur, musique de chambre, orchestre symphonique, opéra, et opérette. 

De son répertoire pour orgue, il convient de détacher le “Tríptico del Buen Pastor” (1953), oeuvre primée lors du concours convoqué à l’occasion de l’inauguration de l’orgue de la cathédrale du Buen Pastor de Saint Sébastien. Cette oeuvre fut considéré comme la pièce la plus importante écrite pour orgue en Espagne au XXe siècle. 

José Maria Usandizaga y Soraluce (1887-1915)

Né à Saint Sébastien, le 31 mars 1887, il décède dans cette même ville le 5 octobre 1915.

Il débute la musique avec Germán Cendoya, il poursuit avec Beltrán Pagola, l’étude de l’harmonie. Sur recommandation de ses professeurs, il entra en 1901 à la Schola Cantorum de Paris où il resta jusqu’en 1906. Ses professeurs furent Grovlez (piano), le Baron de la Tombelle (harmonie), Tricon (contrepoint) et Serrés (ensemble instrumental), et enfin Vincent d’Yndy pour la composition. 

A son retour dans sa ville natale, il se mit à écrire abondamment avec des oeuvres pour piano, musique de chambre, choeur et orchestre. Ce fut dans le théâtre lyrique où il obtint de grands succès avec “Mendi-Mendiyan, Las Golondrinas y la Llama”. Son répertoire pour orgue est restreint. Mais il dénote une grande sensibilité musicale utilisant des harmonies subtiles qui soulignent son admiration pour l’école française de son époque. Il utilisa un langage parfaitement adapté à l’orgue même s’il est l’unique compositeur qui ne fut pas organiste dans ceux présents dans cette compilation de compositeurs basquo-navarrais. 

Eduardo Gorosarri Maiztegui (1889-1947)

Né à Eskoriatza (Guipúzcoa) le 13 octobre 1889, il décède dans le même village le 12 septembre 1947. Il reçoit ses premières leçons de solfège de son père, et celles de piano de l’organiste de la paroisse Benito Sáenz de Viteri. Il continue ses études de musique avec Victoriano Balerdi et plus tard avec Martín Rodríguez. En 1905, il rentre au séminaire de Salamanque, où il exerce comme organiste et professeur de chant grégorien, poste qu’il continue au sein du séminaire de Vitoria. Durant tout ce temps, il continue à recevoir des classes d’harmonies de J. M. Virgala. Après avoir été ordonné prêtre, il est nommé organiste de Ondárroa (Biscaye) et en 1917, il remporte le concours ouvert pour le poste d’organiste de la basilique de Begoña à Bilbao. Il en profite pour y étudier auprès du maestro Guridi. Lors de la création du Conservatoire de Bilbao en 1922, il obtient après concours la place de professeur de solfège. En 1937, il s’exile vers l’Angleterre en compagnie de plus de 4000 enfants basque. Plus tard en Belgique, il continue ses études de contrepoint, composition et histoire de la musique à Malines avec Floor Peeters, Meulemans et Van Nuffel. En 1940, il revint à Eskoriatza. Il a écrit plus de trentes oeuvres religieuses, sans compter les chansons et la musique pour txistu. Son répertoire pour orgue est limité, il se cantonne à des oeuvres de petit format sans pédale dans la droite ligne de celles produites par Urteaga, Torres, etc. Il composa souvent en s’inspirant de thèmes populaires basques. De manière similaire aux autres compositeurs présents dans ce recueil, il possède une solide expérience comme harmoniste et une bonne maîtrise du langage organistique d’influence romantique. 

Luis Iruarrízaga Aguirre (1891-1928)

Il naît à Yurre (Biscaye) le 25 août 1891 et meurt à Madrid le 13 avril 1928. Très jeune, il rentre au collège de la Congrégation du Sacré Coeur de Marie. Il reçoit les premières leçons de solfège de D. Jerónimo Ramiro de Urrecha, plus tard ce sont les pères Nicolas Medrano et Iturbide qui l’initient à l’harmonium. 

 De façon autodidacte, il s’initie à l’harmonie en étudiant les traités de Haller et de Durand. Il reçoit quelques conseils et orientations de Martin Rodríguez. Petit à petit, il écrit ses premières compositions de type religieux. En 1908, il reçoit des classes d’harmonie selon la méthode de Eslava, du Père José González.

Il s’initie à l’étude de l’oeuvre de Palestrina, de Vitoria et de Bach. En 1912, il commence la lecture du traité de composition de Vincent d’Indy et plus tard approfondit ses connaissances musicales en étudiant la musique de Palestrina, de Vitoria et de Lasso. En 1921, il se déplace à Paris et entre en contact avec D. Mocquerau. L’influence des Bénédictins de Solesmes est décisive chez le compositeur. Il entre en relation avec Charles Tournemire. Durant cette époque il parle avec enthousiasme de Ravel et de la musique française de Debussy, bien que son goût soit plus proche de la musique de Beethoven, de Wagner et de Strauss.

Le Père Luis Iruarrízaga nous laisse une importante production musicale dédiée en majeure partie au genre religieux. Il a écrit des messes, des salves, des lamentations, des hymnes, des cantates, etc.. Il utilise préférablement le grégorien comme sujet thématique, bien que parfois il emploie aussi des sujets populaires. Son répertoire pour orgue est beaucoup plus limité, destiné principalement à la liturgie. Il s’agit d’une musique intéressante, profondément spirituelle et qui s’inscrit dans le mouvement lancée par la lettre apostolique Motu Propio de Pie X. 

Miguel Echeveste Arrieta (1893-1962)26

Né à Lesaca (Navarre) en 1893, il décède à Pampelune le 26 janvier 1962. il commence à étudier la musique dans son village natal puis à Irun avec Juan José Garmendia. Plus tard, il emménage à Madrid pour continuer son apprentissage de l’orgue sous les ordres de Bernardo Gabiola. Il se perfectionne par la suite à Paris avec Ch. Widor. Concertiste de grand renom, il donna des récitals à travers toute l’Europe, y compris en Espagne. A partir de 1940, jusqu’en 1957, il est professeur d’orgue et directeur de l’École Municipale de Musique. Cette institution se transforma pour devenir le Conservatoire Navarrais de Musique “Pablo Sarasate”. Il est l’auteur de plusieurs compositions religieuses, dont on peut mettre en avant son Magnificat para orgue basé sur le mode grégorien. Dans cette oeuvre, on peut apprécier le style virtuose qui caractérise à ces concertistes qui se convertissent de temps à autre en compositeurs. 

Victor Zubizarreta Arana (1899-1970)

Il naît à Bilbao le 8 décembre 1899 et meurt dans la même ville le 13 novembre 1970. Il commence ses études musicales avec Philippe Arando et Amadeo Baldor. Plus tard, il perfectionne ses connaissances d’harmonie avec José Sáinz Basabe et d’orgue avec Jesús Guridi. Par la suite, il se déplace à Madrid où il continue l’apprentissage de l’orgue avec Bernardo Gabiola et du contrepoint, de la fugue et de la composition avec Pierre Fontanilla. En 1920, il obtient le premier prix en orgue.

Víctor Zubizarreta succède à Gorosarri en 1936 comme organiste de la Basilique de Begoña du Bilbao. En 1949, il est nommé directeur du Conservatoire de Biscaye de Musique, où il donne aussi les cours d’orgue, succédant à Jesús Guridi comme professeur.

Sa production musicale est riche et variée incluant des oeuvres pour piano, txistu, musique de chambre, choeur, musique pour ballet et orchestre.

Il a écrit de nombreuses compositions pour orgue qui restent en majorité inédites. Une constante dans la production musicale de ce compositeur réside dans le thème populaire basque exposé avec simplicité et grâce, très au goût de tout public.

Tomás Garbizu Salaberria (1901-1989)

Il naît à Lezo (Guipúzcoa) le 12 septembre 1901, meurt à Saint-Sébastien le 27 novembre 1989. Il reçoit ses premières classes de musique du prêtre Julián Ayestarán, de son plus grand frère José Millán et de José Gezala Alzate, un organiste de l’église San Juan Bautista et de la Basilique de Santo Cristo de Lezo. Juste avant ses quinze ans, il rentre au Séminaire d’Aránzazu où il étudienon seulement les lettres mais aussi la flûte, le grégorien et le piano. Après avoir abandonné le séminaire, il rentre à l’Académie de Musique du Saint-Sébastien, où il continue les études de piano avec José Mª Iraola et d’harmonie avec Beltrán Pagola. Après un bref séjour à Paris où il reçoit les conseils de l’organiste parisien Charles Lebout, il se déplace à Madrid, où il est nommé organiste officiel de l’Ambassade Française et de l’église de San Marcos. À partir de 1954 il accède après concours au poste de professeur de solfège (en donnant aussi les cours d’orgue) du Conservatoire de Saint-Sébastien, jusqu’à sa retraite en 1971.

Tomás Garbizu est auteur de nombreuses oeuvres en tout genre : musique liturgique, messes pour orchestre, choeur et orgue, oeuvres chorales, musique de chambre, piano, txistu, oratorios, etc.. Sa production pour orgue est importante et variée. Dans celle-ci on peut apprécier sa remarquable personnalité basée sur une formation en grande partie autodidacte. Il utilise souvent dans ses oeuvres des thèmes grégoriens ou de musique populaire basque. Il a été récompensé à de nombreuses reprises. Une grande partie de sa musique est restée inédite.

Ignacio Mocoroa Damborenea (1902-1989)

Il naît à Toulouse le 24 janvier 1902. Il meurt dans la même ville le 22 octobre 1979. On sait très peu de choses sur la vie et sur l’oeuvre de ce compositeur. Il réalise les études musicales avec son père Eduardo Mocoroa et par la suite les continuent dans l’École de Musique Sacrée de Madrid sous la conduite de Luis Iruarrízaga. En 1924, il est nommé organiste de l’église de San José de Madrid et exerce aussi comme organiste du Real Cinema de cette capitale. En 1953, il succède comme organiste à son père dans la paroisse de Santa María de Tolosa.

Ignace Mocoroa écrit beaucoup de musique religieuse pour orgue qu’il combine avec des choeur, des solistes et des orchestres selon les cas. Il compose aussi pour le genre profane en créant des oeuvres pour choeur, txistu, et piano. Il a écrit de la musique symphonique et de la musique scénique. Il lui arrive souvent de développer cette musique à partir de sujets populaires basques.

Dans les dix oeuvres écrites pour orgue, on peut apprécier une grande imagination et une versatilité stylistique de la part du compositeur, donnant comme résultat une musique attractive, bien écrite et parfaitement adaptée aux possibilités sonores de l’orge romantique.

Francisco de Madina (1907-1972)

Il naît le 29 janvier 1907 à Oñati et meurt dans le même village le 30 juin 1972. En tant que séminariste des chanoines réguliers de Saint-Jean de Latran, il se déplace à Burgos pour étudier la théologie. Là il reçoit des classes de José Marie Beobide et par la suite de son disciple préféré, le compositeur de Burgos, Antoine José. Il collabore aussi avec Ferdinand Urkía, celui que Madina reconnaît comme son premier maître de musique. Malgré cet enseignement, la formation du Père Madina peut être considéré comme principalement autodidacte. En 1929, il se fait ordonner prêtre et en 1932 il est désigné professeur du Collège Belgrano de Salta en Argentine. Les années passées en Argentine et son déménagement postérieur aux États-Unis à la fin des années cinquante, furent ceux de son éclosion et du développement d’une importante activité créatrice dans le monde de la composition musicale, écrivant des oeuvres tant du genre religieux comme profane pour le piano, le choeur, la musique de chambre, la harpe, la guitare, le ballet et l’orchestre. Sa musique contient originalité et fraîcheur. Il y utilise fréquemment des éléments populaires basques ou d’autres provenances. Ses nombreuses oeuvres pour orgue restent en majeure partie inédites.

José María González Bastida (1908-1997)

Il naît à Bergara le 10 septembre 1908. Il décède à Saint-Sébastien le 27 septembre 1997. Il s’initie à la musique avec son père, organiste de la paroisse et directeur de la la Musique Municipale. Il intègre très jeune, ce groupe comme piccolo, se faisant remarquer plus tard comme flûtiste. Il continue ses études d’harmonie et de composition avec Luis Urteaga et d’instrumentation avec Lamotte de Grignon. En 1929, il gagne sur concours, la place de directeur de la Musique minicipale de Zumaia et en 1931 celle d’Hernani, en même temps, il est nommé organiste de la paroisse. En 1944, il est désigné directeur de la Musique Municipale de Vitoria et professeur du Conservatoire de la même ville. Déménageant à Saint-Sébastien, il assume la direction du Choeur Easo, connaissant des succès importants. De 1962 à 1972, il est nommé directeur de la Musique Municipale d’Irun. Il compose de la musique religieuse (des messes, des motets, des antiennes -refrain parfois chanté avant et après un psaume- et des psaumes), ainsi que de la musiquie profane (harmonie, musique symphonique, musique de chambre, piano et musique scénique). Même si son répertoire pour orgue est limité, il en ressort un grande maîtrise de l’harmonie et du langage organistique, en plus d’une grande sensibilité mélodique.

  1. ESTEBAN ELIZONDO IRIARTE
Esteban Elizondo
Esteban Elizondo

Il naît à Saint-Sébastien en 1945. Il s’initie aux études de piano avec Modeste Pastor, par la suite il rentre au Conservatoire du Saint-Sébastien où il termine le cursus de piano avec José Mª Iraola y Juan Padrosa, obtenant le premier prix. Plus tard, il réalise les études d’orgue auprès de Tomás Garbizu dans ce même conservatoire, en obtenant à nouveau le premier prix dans cette spécialité; il se perfectionne sur cet instrument pendant trois ans à l’École supérieure de Musique de Vienne avec Antoine Heiller. Il complète ces connaissances par divers cours de spécialisation à Haarlem (Hollande) et en Espagne.

En 1971, il accède après concours à la place de professeur de solfège du Conservatoire de Saint-Sébastien, dispensant en même temps les cours d’orgue. En 1981, il se présente à nouveau et gagne le concours pour la chaire d’orgue du Conservatoire Supérieur de Musique, réalisant une importante activité pédagogique. De 1985 à 1991, il est nommé directeur de ce même centre par l’assemblée des professeurs. De 1982 à 1985, il occupe le poste de conseiller technique pour l’enseignement musical, auprès du Département d’Éducation du Gouvernement Basque.

De son initiative, découle la création du Cours International de Musique Romantique pour l’Orgue qui est célébré à Saint-Sébastien dès 1983, dans le cadre du festival Quincena Musical. il est aussi à l’origine du Cycle des Orgues de Gipuzkoa, patronné par le Département de Culture de la Diputacion de Gipuzkoa, qui, en collaboration avec les villes de ce territoire, est célébré depuis 1989. 

Son activité de concertiste l’a amené dans presque tous pays de l’Europe ainsi qu’aux États-Unis, au Canada, au Japon, au Brésil et en Russie. En outre, sur la base de ses recherches, il a enregistré près de 20 disques avec les maisons Herri-Gogoa et Aus Art du Pays basque, Titanic Records d’USA, Motette et Aeolus d’Allemagne. Ils sont dédiés en majorité à la musique d’influence romantique écrite par des compositeurs basquo-navarrais, cela inclue l’intégrale de l’oeuvre pour l’orgue de Jesús Guridi qu’il est le premier à enregistrer. Il a aussi dédié une partie importante de ses enregistrements à la musique ancienne espagnole.

Il a publié des articles dans différentes revues spécialisées et accordé de nombreux cours et conférences dans des centres culturels ou éducatifs, nationaux et internationaux. Il a participé comme auteur ou co-auteur à plusieurs publications touchant des thèmes musicaux et organistiques. En 1999, il est nommé Profesor Colaborador Honorífico (Professeur Collaborateur Honorifique) de l’Université du Pays Basque, accordant des cours dédiés au patrimoine lié à l’orgue.

En 2002, il reçoit le titre de Doctor en Filosofía y Ciencias de la Educación, de l’Université de Barcelone. Sa thèse intitulée “La organería romántica en el País Vasco y Navarra (1856-1940)” (la facture d’orgue romantique au Pays basque et en Navarre de 1856 à 1940), reçoit le Prix d’investigation décerné par l’Université du Pays Basque (qui publiera cet ouvrage) et l’Orfeón Donostiarra de Saint-Sébastien. Par la suite, il reçoit le Prix Extraordinaire de l’Université de Barcelone pour ce même travail. L’Université de Barcelone, l’Université Autonome de Madrid et l’Université Publique de Navarre l’ont invité à faire partie de différents tribunaux de thèse.

Esteban Elizondo a constamment travaillé tout au long de ces années à la préservation, au maintien et au rayonnement non seulement de l’extraordinaire patrimoine organistique du territoire de Guipúzcoa, mais aussi de la musique écrite pour ces instruments. Il poursuit ce travail au moyen de concerts, d’enregistrements, de conférences, d’articles, de livres et d’édition de partitions, en plus d’une collaboration et de missions menées avec toute sorte d’institutions.

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